« L’âge de la multitude : Entreprendre et gouverner après la révolution numérique »

Comment aider les organisations à réussir leur révolution numérique ?

L’idée principale est que la puissance est à l’extérieur des organisations, puissance des individus éduqués, outillés, connectés, c’est à dire de la multitude. Du fait de son extériorité, elle échappe aux organisations. Pour réussir, les organisations doivent concevoir des stratégies pour apprendre à capter cette puissance.

Le plus grand actif immatériel que la révolution numérique ait pu créer, c’est la puissance de la multitude. Cet effet de multitude vient de la possibilité de communiquer et de coordonner des individus, possibilité permise par la technologie numérique.

Ce livre essaye de faire un diagnostic de la révolution numérique, puis donne des moyens d’adaptations aux différentes organisations.

L’économie et le nouveau modèle

Le principe de cette économie est “l’accélération de l’accélération”. Il est difficile de comprendre toute la complexité, et de prendre acte de ce changement pour les organisations. La révolution numérique, c’est la destruction créatrice, à l’origine du capitalisme, poussée à son maximum. Les leaders nécessaires à cette transformation ne sont pas des “sachants”. Mais plutôt des individus capables de s’adapter.

Les 3 lois fondamentales de la révolution numérique :

  • La baisse continue des coûts de la technologie : aujourd’hui presque tout le monde a accès à internet.
  • L’innovation inachevée : l’innovation permanente est l’état normal de la technologie. Ceci car la technologie est entre toutes les mains. Nos limites sont dans la capacité de vision, et la capacité à capter toute la créativité externe.
  • Plus d’intelligence et de créativité à l’extérieur qu’a l’intérieur des organisations : les organisations de l’économie numérique l’acceptent. Elles partent du principe qu’il y aura toujours plus d’intelligence, plus de données et de créativité à l’extérieur de leur organisation.
La multitude est l'élément créateur de valeur dans l’économie numérique

 

La valeur n’est pas créée en fonction des facteurs de production traditionnels, mais d’une ressource externe à l’entreprise : la multitude.

Les organisations traditionnelles investissent le mauvais terrain en ignorant les lois de la révolution numérique.

Les entreprises qui réussissent à assimiler le capital humain qu’est la multitude, entraîner par un agent économie externe exemple : Wikipédia. Ces entreprises réussissent leur transformation digitale.  Les organisations doivent capter l’énergie de cette multitude, en la stimulant.

La révolution numérique est l’un des changements de modèle qui n’a pas attendu d’être théorisé pour faire changer le monde.

Les enfants du numérique naviguent avec aisance dans ce nouveau paradigme.

Les caractéristiques des enfants du numérique :

  • Ils aiment créer ;
  • Ils souhaitent une société moins hiérarchique, avec plus d’horizontalité, informelle et décentralisée ;
  • Illustration de cette génération avec les printemps arabes.

6 éléments définissent la figure entrepreneuriale à succès, moteur de l’économie numérique

  • La modernité des projets : Les révolutionnaires numériques ont compris que l’impact de l’innovation est durable que si elle s’insère profondément dans la vie des individus.
  • La scalabilité de leur modèle économique : les modèles choisis, tels que Twitter, Facebook et Instagram, leur permettent de supporter la montée en charge des utilisateurs. Ceci sans alourdir leur structure de production.
  • L’ouverture de leur système : maximisant le nombre de communautés pouvant être touchées.
  • La disruption de l’ordre établi : vouloir révolutionner signifie refuser le statu quo et renverser l’ordre établi en appuyant sur une ligne de fracture.
  • La ritualisation des usages : Le design en est la clé, en ce qu’il permet de créer des rituels dans leur vie quotidienne.
  • La captation de la valeur créée par leurs utilisateurs : c’est dans cette valeur créée par les utilisateurs plutôt que par des équipes rémunérées pour le faire, que se cache le trésor de l’économie numérique. L’avenir appartient à ceux en mesure de la capter. 

La multitude est désormais la principale externalité positive.

Les organisations doivent établir des stratégies reposant sur les actifs issus de la multitude.

 Les entreprises doivent :

  • Capter l’activité de la multitude : aussi bien sa capacité créatrice consciente, mais également l’empreinte de son activité. 
  • Accompagner la multitude : par la création des bases de données et de systèmes d’information permettant l’intégration de la valeur de ces données.
  • Stimuler la multitude : susciter la contribution, l’activité flatte l’intelligence et génère de la fierté, voire de la reconnaissance sociale.
  • Echanger avec la multitude : l’activité spontanée et non rémunérée crée un système d’interdépendances où chacun y trouve son intérêt.

Les exemples de cette économie

Les plateformes sont la nouvelle infrastructure de l’économie numérique

Les plateformes sont génératrices de possibilités, car elles permettent le développement d’autres applications.

Cette ouverture engage une démarche de cocréation. L’organisation diversifie son activité, mais renforce sa domination sur son marché d’origine en s’appuyant sur les initiatives, les efforts d’innovation de tiers, et en captant la valeur créée à l’extérieur de l’entreprise.

Enfin, lors de leur création, les opérateurs de plateformes réalisent une fois pour toutes les tâches nécessaires à la délivrance du service. Cela permettant de réaliser par la suite la même opération des milliers, voire des centaines de milliers de fois, à moindre coût. 

Les applications sont la première source de l’économie d’itération

Les applications constituent d’abord une “économie des propositions”.

Le designer joue un rôle clé dans la récupération de la valeur : s’il lui est demandé de proposer un design qui résonne avec la société et le contexte actuel, il doit aussi surprendre l’utilisateur avec des idées originales. 

Il existe trois manières d’itérer une application, qui sont complémentaires :

  1. laisser les utilisateurs enrichir eux-mêmes l’application ;
  2. l’entreprise peut créer elle-même des contenus ;
  3. dévoiler de nouvelles fonctionnalités au compte-goutte ;

L’itération n’est pas simple : elle multiplie les risques d’erreurs, de lassitude d’individus travaillant sans cesse sur le même projet. Pour éviter de se trouver dans une impasse, il faut qu’elle soit fondée sur des données. 

Une nouvelle régulation est nécessaire face à la constitution de nouveaux monopoles.

Les politiques d’innovation doivent muter pour s’adapter à l’âge de la multitude.

La révolution numérique doit être accompagnée d’une révolution politique, sans quoi elle pourrait engendrer un monde profondément inégalitaire, de contrôle et de surveillance.

L’éducation des générations futures doit les préparer à devenir des citoyens de ce monde. En exploitant les outils de l’économie numérique, l’éducation doit leur permettre d’embrasser cette révolution : libération de leur créativité, sensibilisation aux enjeux de la donnée personnelle, etc.

Deux compétences gagneraient à être développées chez les élèves: l’éloquence et la capacité à programmer. Afin qu’ils acquièrent une certaine vision du monde, plutôt qu’une technique pure.

État plateforme est l’aboutissement de l’âge de la multitude.

 

 

La révolution numérique du gouvernement est sans doute la dernière étape pour faire basculer le monde dans l’âge de la multitude.

L’État plateforme s’impose parce qu’il permettra la génération de milliers de services à moindre coût, en se fondant sur l’énergie créatrice de ses citoyens.

Cette transformation en plateforme passe par l’obligation de rendre des comptes et d’ouvrir ses données. Mais aussi par l’acceptation que l’administration puisse confier à d’autres l’exécution de services tout en en gardant la responsabilité. C’est à ces conditions que l’État pourra garder sa pertinence.

Au-delà des entreprises technologiques et de leur émergence, l’économie numérique prend forme dans la capacité à s’organiser pour capter la valeur de la multitude.